COMME S’IL EN PLEUVAIT
C’est d’abord un billet de 100 euros que trouvent Laurence et Bruno sur leur canapé. Puis des liasses de billets envahissent chaque jour leur appartement… comme s’il en pleuvait ! De cette situation absurde, l’auteur Sébastien Thiéry tire les fils d’une farce féroce sur le thème très contemporain de l’accès à la richesse.
Couple de gauche, Bruno et Laurence sont affolés de devenir riches sans le mériter. Rapidement ils se divisent et s’affrontent. Laurence s’accroche à la morale, aux valeurs de gauche, Bruno, lui, jubile, dépense à tout va, avant de perdre tout discernement. Il faut voir avec quel plaisir l’auteur le fait maltraiter sa femme de ménage espagnole ou lui fait dire les pires horreurs quand son épouse propose de donner cet argent aux accidentés de la route : « Quels accidentés ? Des crétins qui ne sont même pas foutus de traverser une rue sans se faire écraser ? »
Passant en une fraction de seconde de la plus parfaite mauvaise foi à l’angoisse la plus absolue, l’auteur jubile et fait dire à Bruno : « Bon ça va maintenant ! Être de gauche c’est pas forcément porter un pull qui gratte et manger du pâté de foie en boite ! On peut être socialiste et se faire plaisir, non ? On n’est pas condamné, sous prétexte qu’on a des valeurs humaines, à s’habiller comme un con et à bouffer de la merde ! »
Et ce n’est pas l’arrivée d’un voisin très inquiétant qui va calmer le jeu !
On rit beaucoup tout au long de la pièce, avec toutefois un sentiment d’inconfort, avec cette fable qui se termine par un coup de théâtre, qui en dit long sur notre société.
Nous vous souhaitons une très bonne soirée !